Une journaliste enquête sur la mort mystérieuse d'une adolescente. Il semble que ce fait divers soit lié à une sinistre légende urbaine, impliquant l'existence d'une cassette vidéo dont le visionnage serait mortel pour le spectateur...
Le cercle est en fait le remake américain de Ring (1998), basé sur unbest-seller de Kôji Suzuki, et film d'épouvante japonais très populaire en Asie etauprès des amateurs de films d'horreur du monde entier. Walter F. Parkes et LaurieMacDonald, producteurs chez la firme hollywoodienne Dreamworks ont rapidement l'idée d'enfaire un remake, plutôt que de tenter de lui offrir une distribution américainecorrecte. Bien décidé à rebondir sur la vogue des thrillers surnaturels (on pense auxgros succès de Sixième sens (1999) de M. Night Shyamalan, à Les autres(2001) d'Amenabar...), ils mettent sur la table un budget assez élevé de 45 millions dedollars. Bien que seuls les droits d'adaptation du roman de Suzuki aient été acquis, lescénariste Ehren Kruger avoue s'être uniquement basé sur le film japonais pour écrirel'adaptation américaine. Dreamworks choisit pour diriger cette oeuvre Gore Verbinski, unde ses fidèles réalisateurs, qui, au cinéma, n'a travaillé que sur leurs projets : ila ainsi tourné la comédie familiale La souris (1997), puis la comédieromantique Le mexicain (2001) (surtout connu pour avoir réuni deux vedettestrès populaires : Brad Pitt et Julia Roberts), avant de co-réaliser (sans êtrecrédité à ce poste) La machine à explorer le temps (2002) de Simon Wellssuite à une crise de surmenage de ce dernier. Naomi Watts est recrutée pour tenir lerôle de la journaliste Rachel Keller après avoir été repérée pour son rôle dans MullholandDrive (2001) de Lynch ; on l'avait déjà croisé dans des rôles importants dansd'autres productions fantastiques, telles que Tank girl (1995), Les enfantsdu maïs 4 (1996) ou L'ascenseur, niveau 2 (2001) de Dick Maas... Onretrouve aussi Brian Cox (Le sixième sens (1986) de Michael Mann...) ou JaneAlexander (Kramer contre Kramer (1979), Haut les flingues (1984) avecClint Eastwood...).
Par rapport au scénario de Ring, Ehren Kruger a tenté de respecter la tramegénéral du récit tout en ménageant de notables différences (l'identité du meurtrierpar exemple, l'élevage de chevaux...), ce qui réservera donc quelques surprises auspectateur ayant vu le film de Nakata. Surtout, la linéarité rigoureuse du film japonaisa été légèrement altérée par l'insertion de passages cherchant à rendre pluscomplexe les personnalités des protagonistes : Rachell a du mal à assumer sa maternité,Noah est immature... Aidan, le fils de Rachell, voit aussi son personnage développé,mais pas vraiment de façon très habile : il devient un espèce de petit médiuminquiétant, dont la caractérisation est apparemment très marquée par Sixième senset Les autres, sans que cela ne soit vraiment utile à la progression du film.L'enquête sur les origines de la cassette hantée est aussi bien plus développée,jusqu'à devenir un peu laborieuse à force de se disperser dans diverses séancesd'épluchage de dossier et de recherches sur le net... Les investigations menées par Noahsont encore affaiblies par le manque d'envergure de ce personnage et le charisme limitéde son interprète Martin Henderson.
Une des grandes qualités de Le cercle est son traitement des images, d'unegrande beauté. Le chef-opérateur Bojan Bazelli (Le démon d'halloween (1988) deStan Winston, Body snatchers (1993) d'Abel Ferrara...) propose une très bellephotographie jouant sur une composition sourde de verts, de bleus, de gris et de bruns,immergeant aussi bien les intérieurs que les extérieurs dans une sombre lumièremaritime, en parfaite adéquation avec le sujet du métrage. Le soin plastique porté aufilm est pourtant parfois un peu trop présent. Là où Ring jouait sur uneneutralité absolu des décors et des images fantastiques, leur donnant ainsi une toucheinquiétante et crédible, les visions "étranges" de Le cercle onttrop de points communs avec les vidéo-clips récents (flash, accélérés...), ourenvoient trop à des idées venant de l'art contemporain (les négatifs photographiques,l'arbre...) pour donner une réelle impression de dépaysement insolite. Ainsi, le filmmystérieux de la cassette hantée n'évoque plus guère Lynch ou Bunuel, mais faitplutôt penser à des extraits de clips de Heavy Metal.
La réalisation de Gore Verbinski cherche elle aussi à respecter les qualités de Ring
- rigueur du montage, montée progressive de la tension dans les séquences, importance du
Le cercle laisse donc sur une impression mitigé. Ce projet semble avoir vouluconcilier les qualités de Ring (rigueur du récit et de la réalisation, emploide la suggestion...) avec des traits du cinéma hollywoodien, qui vont a priori dans unsens opposé (goût pour une technique visible, récit à la fois plus explicite et pluscomplexe). En fin de compte, Il s'agit d'un film inégal, qui parvient à distiller unecertaine atmosphère, mais qui, à force d'accumuler les petites longueurs, finit parêtre un brin ennuyeux. Le cercle a néanmoins reçu un excellent accueil publicaux USA, où il est sorti à l'occasion d'Halloween 2002, ainsi qu'un accueil critiqueplutôt favorable en France.
Bibliographie consultée :